La campagne a été
riche en rebondissements! Un candidat du PSB, Eduardo Campos, est décédé lors
d'un accident d'avion,en août. Il a donc été remplacé par sa colistière Marina
Silva. Cette candidate inattendue a totalement boulversé la campagne éléctorale.
Dans
les trois jours suivants, Silva a gagné beaucoup en intentions de vote dans les
sondages, en partie avec les voix des électeurs indécis, car elle apportait une
nouvelle possiblilité, mais surtout grâce à l'attention qui lui a été
portée par les médias : "elle [Marina Silva] a bénéficié de
ce dont tous les candidats à un élection présidentielle rêvent : pendant
plusieurs jours, elle a eu toutes les caméras de télévisons, tous les micros
face à elle[...] Les journalistes parlaient d'elle, rappelaient son engagement
politique", nous dit Stéphane Monclaire.
Les sondages indiquaient souvent que Marina Silva et Dilma
Rousseff passeraient le premier tour des élections avec Rousseff en tête. Aécio
Neves était annoncé en troisième position, au coude à coude avec Silva.
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Sondage IBOPE |
Dilma Rousseff était
en première position d'après les sondages. Il faut savoir qu'au Brésil, les
temps d'expression des candidats dans les débats télévisés ainsi que les fonds
pour la campagne (qui sont financés par l'Etat) sont proportionnels au
nombre de députés de leur parti. Le Parti des travailleurs ayant 4 fois
plus de députés que le Parti socio-démocrate brésilien et 12 fois
plus de députés que le Parti socialiste brésilien, l'héritière politique de
Lula avait alors plus de moyens que Marina Silva, Aécio Neves et tous les
autres candidats de faire passer son engagement politique. Elle a pu profiter
de cet avantage pour devancer ses adversaires principaux, Silva et Neves. De
plus, elle bénéficie de l'héritage politique de Lula et du PT. Les électeurs se
disent donc que "depuis 15 ans, c'est bien le parti des travailleurs
qui leur a apportés beaucoup, qui a fait sortir des millions de brésiliens de
la pauvreté", d'après Serge Boyer.
Deux
jours avant les élections, nous avons assisté à un retournement de situation,
en effet les sondages se sont avérés faux : Silva a été dépassée par Aécio
Neves. Dilma Rousseff accède au second tour sans surprise mais, étonnament,
Aécio Neves la rejoint avec 33,7% des voix.
Il y a
plusieurs hypothèses pour expliquer cet évènement. Selon un journaliste
brésilien, Gustavo Codas, l'échec de Marina Silva est "sans doute
dû au positionnement ambigu de cette ancienne ministre de l’environnement de
Lula qui préconisait une "troisième voie" peu identifiable : Ni
PT, ni PSDB".
Stéphane Monclaire nous explique quant à lui que "comme
elle [Marina Silva] est rentrée en campagne très tardivement, le 13 août,[...]
elle est rentrée sans programme particulier, sans appui partisan sur le terrain
dans l'ensemble du pays, et faute de ressources partisanes suffisantes, faute
de s'être bien préparée à cette campagne et avoir un programme très précis,
cohérent [...]elle n'a fait que chuter dans les intentions de votes [...] C'est
à dire que quand elle est vraiment rentrée en campagne, les électeurs se sont
aperçus qu'elle était ou bien invisible ou bien inaudible et étaient déçus par
elle. Du coup ils ont reporté leurs voix sur d'autres candidats, en partie sur
Dilma Rousseff mais aussi sur Aécio Neves".