Un espace déséquilibré

Le Nordeste


       Le Nordeste, qui couvre plus de 1,5 million de km2 (18 % du territoire national), fut jadis la première région économique du Brésil. Cet ancien centre de l'économie coloniale, considéré comme la « région à problèmes » du Brésil, ne s'est jamais remis du déclin de la production sucrière. 
Centre historique de Salvador de Bahia, Brésil
Source : Archives de l'UNESCO

    C'est un espace où perdurent la grande propriété foncière et les plus fortes inégalités sociales. Vers l'intérieur des terres, le Sertão subit les effets pervers des sécheresses périodiques. Le Nordeste fut, dans les années 1960, le premier à bénéficier d'une politique volontariste de l'État, à travers la création d'une agence de développement régional, la SUDENE (Surintendance pour le développement du Nordeste). Mais le changement politique intervenu au Brésil peu de temps après a infléchi l'action des pouvoirs publics dans la région ; l'arrivée au pouvoir des militaires en 1964 a empêché la mise en place d'une véritable réforme agraire. Les avantages fiscaux destinés à l'industrialisation ont toutefois été maintenus et ont favorisé l'apparition d'enclaves industrielles, notamment dans les États de Bahia et de Pernambouc, qui dépendent, structurellement, des industries du Sudeste. Sur le plan agricole, la politique d'extension de la production de canne à sucre, prônée par le régime autoritaire en vue de la fabrication de l'alcool-carburant, a renforcé la concentration foncière. D'autres cultures (raisin, melon, tomate) ont progressé dans les périmètres irrigués développés à l'intérieur des terres. Si le visage de la région a changé, les tensions sociales subsistent, voire s'aggravent. L'ancien centre économique s'est modernisé, sans pour autant connaître un réel développement.

Modernisation du centre historique de Salvador de Bahia, Brésil

Le Sudeste





Favela Morumbi à Sao Paulo, Brésil
Source : site internet : google.com

     Les États du Sudeste (São PauloRio de Janeiro et le sud du Minas Gerais) constituent aujourd'hui le nouveau centre économique du pays. Ils fournissent environ 60 % du produit intérieur brut et concentrent plus de la moitié des établissements industriels ainsi que les deux tiers des emplois. Le décollage économique de cette région est lié à l'essor, à la fin du xixe s., de la culture du café dans l'État de São Paulo, où vont se trouver réunies, après la crise de 1929, les conditions nécessaires à un démarrage industriel (accumulation de capital, réservoir de main-d'œuvre, marché interne embryonnaire). L'État de São Paulo (35,6 % du produit intérieur brut), première région industrielle et tertiaire, demeure encore le cœur agricole du pays. L'agriculture, moderne et active, y est organisée en grandes coopératives régionales. 

Plantation de cannes à sucres à Avare, Sao Paulo, Brésil

Source : wikipédia

      Toutefois, le Sudeste brésilien est hétérogène. Autour de ce centre économique se trouvent des espaces moins développés : l'État d'Espírito Santo, le nord de l'État de Rio de Janeiro et l'est du Minas Gerais. Éloignées des foyers dynamiques et dépourvues de ressources exploitables, ces régions sont restées en marge du décollage économique.


Le Sud


    Deuxième région économique du pays, le Sud est peuplé essentiellement de descendants d'immigrants européens (Allemands, Italiens, Polonais). Jouissant d'un climat subtropical, il apparaît comme « le Brésil le moins brésilien ». À la différence d'autres régions, il est resté à l'écart des différents cycles économiques fondés sur les grandes plantations et une main-d'œuvre servile. Les grandes étendues de savanes permettent un élevage extensif et une agriculture diversifiée (céréales, vignobles, soja…). 

                             Elevage en Amazonie

                             Source : visionbresil under environnement 


       Son important secteur industriel, son niveau de vie élevé, son agriculture mécanisée et organisée en complexes agro-industriels le rattachent aujourd'hui nettement au Sudeste. Son dynamisme économique se répercute aussi dans la conquête de l'Amazonie et de l'Ouest, où s'installent nombre de pionniers originaires du Sud.


Le Centre-ouest


                             Brasilia, capitale brésilienne
                            Source : dictionnaire larousse.fr

    Malgré la construction de Brasília, décidée dans le cadre d'une « marche vers l'Ouest » durant les années 1950, la région du Centre-Ouest reste mal consolidée et sous le contrôle direct du Sudeste, dans la mesure où les deux grandes mégapoles, Rio de Janeiro et São Paulo, partagent avec Brasília le pouvoir commercial, financier, politique et administratif. Ainsi, plus que la capitale elle-même, c'est le réseau routier reliant Brasília aux grandes villes du Sudeste et à l'Amazonie qui, indirectement, a favorisé le désenclavement et l'unification du pays.


L'Amazonie


                             L'Amazonie
                             Source : Tourdumonde.fr

     L'Amazonie est, pour sa part, partiellement conquise. 

                                      Déforestation de l'Amazonie

                                      Source : greenpeace.fr

     La première vague d'occupation date du début du xxe s. C'est à ce moment que se développe l'exploitation du caoutchouc le long du réseau hydrographique, unique moyen d'accès et principal axe de peuplement. 

Brésil. Récolte du caoutchouc dans la forêt amazonienne. Gravure du XIXe siècle.
Source : lemonde.fr

     Il faudra néanmoins attendre l'arrivée du régime militaire pour que s'affirme la volonté d'intégration de l'Amazonie au pays. En 1970, le gouvernement lance le P.I.N. (Plan d'intégration nationale) dont le fleuron est la construction de la route transamazonienne. 

                                             Route transamazonienne
                                             Source : wikipédia

       Un programme de colonisation publique, géré par l'I.N.C.R.A. (Institut national de colonisation et de réforme agraire), supervise ce projet. Des lots d'environ 100 ha sont distribués aux paysans sans terres, la plupart originaires du Nordeste. Pourtant, faute d'une infrastructure assurant la commercialisation des récoltes, la colonisation publique tourne à l'échec. Quant à la colonisation privée, davantage encadrée et bénéficiant d'incitations fiscales, elle connaît un sort différent. De grands domaines d'élevage extensif se développent dans le sud de la région amazonienne, hors de la forêt dense. La découverte d'immenses gisements de fer, de manganèse, de nickel et d'or entraîne un troisième front pionnier dans la partie orientale. Lancé en 1980 sous l'autorité du gouvernement fédéral, le Projet Grand Carajas regroupe des firmes nationales et internationales d'exploitation industrielle des minerais. Enfin, à l'ouest s'étend une troisième Amazonie, celle des grands espaces vides.
       L'intégration de l'Amazonie a cependant un coût, écologique d'abord (déforestation, destruction d'espèces animales et végétales…) mais surtout humain. Outre la grave question indienne, l'iniquité du système social qui s'y met en place est plus pesante encore : la grande propriété y prédomine, les travailleurs agricoles subissent des conditions proches de l'esclavage et les ressources minières sont accaparées par les grandes sociétés.